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La datation au carbone 14 : à travers deux exemples, la grotte Chauvet et le suaire de Turin
C'est en 1950 que Willard Frank Libby réalise la première datation au carbone 14, et ses travaux lui vaudront le prix Nobel de chimie en 1960. Une méthode qui va permettre des datations plus fiables, un vrai retour vers le passé, et des progrès significatifs en archéologie et en paléoanthropologie.
Basée sur les recherches en radioactivité, la datation s'effectue grâce au carbone 14 résiduel dans tous les organismes contenant du carbone. Les éléments organiques vivants reçoivent du carbone 14 et cela cesse lorsqu'ils meurent. Comme tout élément radioactif, le carbone 14 se désintègre peu à peu, selon une période déterminée. Les traces restantes permettent donc une estimation du décès de l'organisme. Cette méthode est particulièrement intéressante pour les évènements préhistoriques, pour lesquels il n'y a pas d'autre moyen de datation précise.
Parmi les exemples connus de datation par le carbone 14 qui a surpris même les spécialistes, celui de la grotte Chauvet, que l'on avait du mal à situer comme antérieure à celle de Lascaux.
Rhinocéros à grande corne Wikipedia
Plusieurs datations ont été effectuées grâce aux charbons de bois utilisés et à des ossements d'animaux, "il s'est avéré que ces représentations avaient près de 33 000 ans, soit près de deux fois plus que celles de la grotte de Lascaux - qui datent "seulement" du Magdalénien, il y a 17 000 ans. " France Culture
Ces œuvres de l'époque aurignacienne témoignent d'une maîtrise qui semblait extraordinaire et pourtant, selon le préhistorien Yannick Le Guillou certaines pourraient être plus anciennes encore, mais en absence de carbone, il n'est pas possible d'en évaluer l'âge.
D'autres datations ont été mémorables, comme celle du Linceul de Turin. "Connu historiquement depuis son apparition en France aux alentours des années 1357, le suaire de Turin est une pièce de lin censée avoir enveloppé le corps du Christ après sa mort." (1)
"En 1988, la datation par le carbone 14 démontre sans ambiguïté l'origine médiévale du suaire (XIIIe – XIVe siècle), qui ne peut donc pas être considéré comme une relique authentique. Dès leur publication, ces résultats sont acceptés par le pape Jean-Paul II, (néanmoins, l'Église catholique, propriétaire du linceul depuis 1983, ne s'est jamais prononcée officiellement sur son authenticité). " Wikipedia
"Trois laboratoires avaient été chargés de cette datation au carbone 14, et chose extraordinaire, on déclare qu’il s’agit d’un faux, et d’un faux médiéval. Naturellement il y a eu tout un tas de contestations après. Beaucoup d’études ont été refaites. Et finalement aujourd’hui, si les études ont été contestées, on ne sait pas ce qui a pu se passer.
Une chose est sûre : les laboratoires n'ont pas pu se tromper tous les trois, surtout à l'échelle d'un si grand nombre de siècles." (1) ... sauf à remettre en cause les conditions de conservation.
(1) L'article de France Culture
"Grotte Chauvet, bébé mammouth, linceul de Turin... Six datations au carbone 14"
cite donc d'autres datations célèbres qui ont pu changer notre regard sur le passé, je n'en ai retenu que deux, en quelque sorte aux extrémités de l'intérêt de cette méthode.
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Tags : Archéologie, Ardèche, Arts, Italie, Moyen-Age, Préhistoire, Religions et croyances, Sciences et technologies
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